Démystifier les préjugés
À Décadra, la recherche universitaire occupe une place essentielle. Découvrez neuf projets de recherche du corps professoral de l’ESG UQAM qui viennent déconstruire des idées préconçues.
Tous les projets d’infrastructure québécois sont un échec.
Alejandro Romero-Torres, professeur au département de management
Cette recherche démystifie le fait que tous les projets d’infrastructure au Québec sont un échec. En collaboration avec des chercheurs au Québec, nous avons identifié des projets qui se sont distingués à l’international par leurs pratiques de gestion et de création de la valeur pour les citoyens. Également, nous mettons en évidence l’expertise québécoise en gestion de projets. On a de quoi être fiers!
Au Québec, les investissements en infrastructure publique représentent environ 13 milliards de dollars par an pour les dix prochaines années. Malgré les nouvelles sur le dépassement de coûts et le non-respect des échéanciers pour ces projets, il est crucial de reconnaître que ce n’est pas tous les projets qui traîne. Au Québec, nous nous illustrons par notre expertise et notre savoir-faire en gestion de projet, quoique c’est souvent un secret bien gardé et pas assez communiqué au public. Cette recherche illustre les pratiques d’excellence de 17 projets réalisés au Québec (voir l’illumination du pont Jacques-Cartier, la tour de Montréal, entre autres).
Pour aller plus loin :
Les entreprises ont eu intérêt à faire cavalier seul pour innover durant la pandémie.
Amélie Cloutier, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale
Notre étude est basée sur une approche longitudinale, soit avant et au début de la crise sanitaire. Elle démontre comment la crise sanitaire a modifié les processus d’innovation de produit ainsi que les pratiques de collaboration en matière d’innovation.
Elle illustre comment la collaboration avec des partenaires différents, voire parfois nouveaux, favorise sa rapidité et son succès d’innovation en donnant notamment accès à des compétences et à des ressources.
Un sentiment d’urgence peut pousser les PME à solliciter rapidement davantage de partenaires collaboratifs et à les impliquer plus longtemps dans le processus d’innovation. Les crises peuvent favoriser la confiance tacite et l’entraide entre des partenaires qui se sentent davantage en mode de survie et investis d’une mission. Notre étude souligne que les compétences relationnelles et le travail en réseau des dirigeants de PME sont importants pour identifier les partenaires et tirer parti de leur contribution aux projets d’innovation de produits.
En conséquence, avec un processus d’innovation simplifié et accéléré, on peut tout de même observer des réussites commerciales en temps de pandémie.
Cette recherche a été menée en collaboration avec la professeure Caroline Blais de l’Université de Sherbrooke.
Il est préférable de faire appel à un influenceur expert pour promouvoir une marque, un produit ou une cause sur les réseaux sociaux.
Caroline Lacroix et Élisabeth Robinot, professeures au département de marketing
De façon générale, les organisations vont choisir des influenceurs qui présentent une certaine compatibilité/adéquation avec leur marque, produit ou cause. Considérés comme experts dans un domaine, ces influenceurs ont un plus grand pouvoir de persuasion que les non experts.
Toutefois, dénicher un influenceur qui possède une expertise dans un domaine comme celui de la protection de la biodiversité n’est pas chose facile. Il est plus aisé de trouver des influenceurs qui se spécialisent dans des créneaux populaires comme les cosmétiques, la mode, la gastronomie, ou encore le style de vie.
Ainsi, bien qu’il soit préférable d’éviter un influenceur non expert, il est tout de même possible de faire appel à ce dernier s’il sait faire preuve d’humilité quant à son manque d’expertise. Ceci s’explique par le fait que les individus accordent une importance significative aux personnes qui savent se montrer vulnérables, qui ne craignent pas de se montrer telles qu’elles sont, même si ce n’est pas toujours à leur avantage. Ceci est perçu comme un signe d’authenticité.
Savoir faire preuve d’humilité est donc un puissant vecteur de persuasion qui influence positivement la perception de confiance, d’honnêteté et de sincérité des individus. Il importe donc de ne pas négliger cette caractéristique dans le choix d’un influenceur !
La blockchain permet de retirer la tierce partie dans une transaction et rend visible à 100% toutes les transactions.
Melissa Fortin professeure au département des sciences comptables
Les blockchains ont été proposées pour améliorer la transparence des chaînes d’approvisionnement mondiales et résoudre des problèmes tels que l’esclavage moderne et la durabilité des entreprises. Bien que toute amélioration dans le traitement de ces types de défis mondiaux soit la bienvenue, nos résultats soulignent comment la conception d’un système peut obscurcir de manière sélective des informations clés qui peuvent être utiles pour détecter des activités malveillantes le long d’une chaîne d’approvisionnement.
Nous démontrons également que la capacité d’une blockchain à produire un compte rendu fiable de l’activité dépend de la qualité des informations introduites à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement. Nous mettons en lumière que la blockchain se veut remplacer les tierces parties et la remplacer par une technologie, mais il reste toujours des humains qui doivent coder et valider l’algorithme.
D’après nos conclusions, étant donné la visibilité de l’information, il peut être plus facile d’identifier, grâce à la piste d’audit, les participants au réseau qui ne fournissent pas des informations de qualité. Cette « pression » permet à chacun d’éviter de se faire « prendre » en partageant des informations fiables, ce qui peut améliorer l’information financière. Cela a également des conséquences sur la réduction de la fraude et de la manipulation de l’information. Avec un grand livre distribué, la reconnaissance et la traçabilité des transactions devraient être beaucoup plus simples. Les utilisateurs des rapports financiers bénéficieront d’une telle qualité d’information.
Cette recherche est actuellement est révision et resoumission. L’article sera disponible à la fin de l’année dans le journal Accounting, Auditing & Accountability Journal.
Le quartier Hochelaga-Maisonneuve est un quartier pauvre et malfamé!
Sylvie Paré, professeure au département d’études urbaines et touristiques
La gentrification qui a cours dans le quartier transforme les perceptions tout en engendrant des conflits socio-territoriaux. Notre projet de recherche visait l’examen approfondi de la problématique de quartiers centraux en transformation. Qu’elles soient socio-économique et/ou socio-ethnique, ces transformations témoignent de l’ère du temps, notamment l’accroissement des migrations internationales contribuant à changer le visage des quartiers centraux des villes.
Nombre d’auteurs ont documenté l’accroissement de la diversification et de la gentrification dans une variété de quartiers centraux. À Montréal depuis les dernières décennies, le quartier Hochelaga-Maisonneuve figure parmi ceux qui enregistrent les scores les plus élevés en matière de gentrification, créant ainsi de nouvelles dynamiques sociales et souvent, générant des conflits socio-territoriaux. Que signifient alors les changements sociaux dans la population de Hochelaga-Maisonneuve? Dans le quartier visé, il semble que le statut socio-économique élevé des nouveaux venus est plus dérangeant que leur appartenance ethnique parce qu’il est associé au mode de vie de cette population, leur mode de fréquentation des commerces et l’interaction dans l’espace public. Les données montrent aussi les effets perturbateurs quant à la disponibilité de logements à prix abordables, une caractéristique qui signifie plus de déplacement de la population à faible revenu.
L’intégration des facteurs ESG dans la construction d’indices alternatifs canadiens est vaine.
Yasmine Besbes, assistante d’enseignement et de recherche, et Maher Kooli, professeur au département de finance
Afin d’évaluer l’impact de l’intégration des facteurs ESG au sein des stratégies dites beta alternatives basées selon les fondamentaux, nous examinons dans un premier volet, différentes approches de construction, à savoir une approche multifactorielle avec ajustement ESG, une approche présentant les facteurs ESG comme un nouveau facteur de risque et une approche de biais positif en considérant que les meilleures entreprises selon les scores ESG. Dans un deuxième volet, nous mesurons la performance des différents indices alternatifs construits tout en les comparant par rapport aux indices traditionnels.
Notre étude montre que la performance des indices alternatifs construits sont positifs et statiquement significatifs et que les rendements excédentaires calculés ne sont pas expliqués par les facteurs de risque usuels tels que, par exemple, les facteurs de Fama et French à 3 facteurs et à 5 facteurs. Nos résultats montrent également que l’intégration des facteurs ESG ne pénalise pas la performance des indices alternatifs avec des ratios de Sharpe pour les indices bêta alternatifs aussi élevés que ceux des indices fondamentaux.
Dans l’ensemble, nous retenons que les facteurs ESG améliorent la performance boursière non seulement en minimisant les risques à long terme, mais aussi en assurant la durabilité des portefeuilles.
Pour aller plus loin
Il est difficile d’innover dans le domaine de la mode.
Ying Gao, professeure, École supérieure de mode
Deux vêtements polymorphes robotisés simulant les effets des vêtements virtuels
Organdi, verre, silicone, composants électroniques
Le chiffre 2526 réfère au nombre d’heures investies dans la création des deux vêtements robotisés et polymorphes, de l’idéation à la finition, du premier trait de dessin au dernier point de couture.
Les NFT, la mode numérique (digital fashion) et le vêtement virtuel ont été les sources d’inspiration du projet 2 5 2 6, ils ont cette particularité de n’être aucunement contraints à la réalité physique des matériaux. Les deux tenues polymorphes du projet 2 5 2 6 sont pourtant bien réelles : des matières tissées, sérigraphiées à la main et des matériaux consolidés ont été spécialement conçus pour réaliser ces habits qui n’ont rien de virtuel. Ils ne font qu’en simuler les effets : une ondulation surréelle, générant un jeu de volume et de transparence; sa mouvance polymorphe, de même que la surbrillance d’un tout nouveau matériau souple mêlant verre, métaux précieux et silicone.
Si le rôle du designer de mode est d’induire une forme et une fonction à des matières destinées à habiller le corps, on peut s’interroger sur la question du vêtement immatériel et du corps virtuel dépourvus de substance, et de leur niveau de réalité, alors que le numérique est devenu une véritable « seconde nature ». Nos incursions dans le métavers étant de plus en plus fréquentes et de moins en moins étonnantes, la digital fashion est une évidence qui se déploie en une infinité de possibles et d’incertitudes.
En Chine, il existe un système de crédit social qui attribue une note à chaque citoyen.
Ariane Ollier-Malaterre, professeure au département d’organisation et ressources humaines
La surveillance digitale est une réalité de la vie quotidienne en Chine. Living with Digital Surveillance in China: Citizens’ Narratives on Technology, Privacy, and Governance explore les perceptions que les citoyens chinois en ont et la façon dont ils vivent avec elle. Après une introduction aux recherches chinoises et occidentales sur la protection de la vie privée, la surveillance et la gouvernance sociale en Chine, le livre analyse un corpus d’entretiens qualitatifs menés en Chine à la lumière du contexte historique et socio-politique chinois.
Il montre comment les participants tissent un système cohérent de « récits » angoissants concernant les lacunes morales qu’ils attribuent à la Chine, auquel répondent des « récits » rédempteurs présentant le gouvernement comme une figure protectrice et la technologie comme une solution et une force civilisatrice. De nombreux participants voient donc la surveillance et les systèmes de crédit social comme indispensables pour remédier aux problèmes moraux que rencontre la Chine.
Pourtant, cet appui à la surveillance se double de stratégies mentales pour pouvoir supporter l’exposition constante à la surveillance, et les participants expriment de la frustration, de la peur et de la colère. Le livre est paru dans la collection Routledge Studies in Surveillance.
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